
Mamdani : La gauche juive américaine contre Israël ?
Pour Daniel Bensoussan-Burzstein, spécialiste du monde juif américain, l’élection de Zohran Mamdani, Musulman chiite pro-palestinien à la mairie de New York, est décisive. Non-antisémite au sens classique, il est l’héritier direct d’Edward Saïd, père des études post- coloniales et d’une convergence entre progressisme juif et cause palestinienne. 33% des Juifs new-yorkais ont voté Mamdani. 50 % des jeunes Juifs américains estiment qu’Israël a commis un « génocide » à Gaza. Ces Juifs semblent accuser Israël de trahir leurs valeurs, et de rompre le contrat moral qui les liaient. D’où leur rejet croissant du sionisme, et l’appel au boycott sur les armements, qui divise des mouvements comme Jewish Voice for Peace et J- Street. En Europe, cette tension existe, mais l’islamisme et la gauche radicalisée y sont vus comme ennemis prioritaires. Déjà travaillé par l’antisionisme orthodoxe, Israël survivra-t-il sans le soutien des États-Unis et de la diaspora juive américaine ?

Le sionisme face à l’Islam et au Christianisme
Pour l’historien Georges Bensoussan, la contestation du sionisme se fonde sur le rejet foncier du fait juif par l’Islam et par la chrétienté. Si la chrétienté a rompu avec son anti-judaïsme doctrinal depuis Vatican II, pour l’Islam contemporain, majoritairement littéraliste, toute souveraineté juive, israélienne, est un impensable, et l’objet d’un conflit eschatologique, car les non-Musulmans ne peuvent qu’être soumis. L’accusation suprême de peuple déicide portée contre les Juifs au cours des siècles se voit opportunément sécularisée dans celle de peuple génocidaire. Bensoussan alerte sur le fait qu’une telle accusation, en inversion victimaire, a précédé les génocides réels des Arméniens, des Juifs, des Tutsis. Il plaide donc pour un sionisme de vérité, inspiré des Lumières, car seule la vérité est révolutionnaire, et gage d’authenticité ; un sionisme incarnant une rupture émancipatrice, non seulement individuelle, mais du Juif opprimé en tant que peuple.

L’accusation de génocide à Gaza se substitue à celle de déicide
Georges Bensoussan analyse la manipulation médiatique autour du conflit à Gaza, où des images fabriquées par le Hamas sont reprises sans critique par des médias. Ces accusations de génocide et de famine, amplifiées par les réseaux sociaux et certains États, s’inscrivent dans une histoire ancienne de diabolisation des Juifs et d’Israël. Bensoussan souligne l’inversion orwellienne des réalités : le génocide fantasmé attribué à Israël occulte les intentions réelles du Hamas, tandis que l’Occident, influencé par des intérêts géopolitiques et une immigration arabo-musulmane, adopte une position biaisée.
